Richemont – Les Cateliers – Site Nr 183

Entre Saint-Léger-aux-Bois et Richemont, à l’orée de la forêt, un site « léger » voit le jour. Situé en bordure de la Départementale 7, à proximité du clos de la Ventillette, cette base de lancement est construite par une vingtaine de prisonniers russes. Certains contemporains de l’époque se souviennent du triste sort de ces requis, à l’image d’Albert Bruvis, un proche riverain du site V1 qui les voyait aller se fournir en eau et en lait dans les fermes environnantes sous l’œil vigilant des soldats allemands.

Une fois la phase de construction achevée, le site entre en service à la mi-juin 1944. Des cultivateurs des environs sont réquisitionnés après chaque tir d’une bombe volante : ils doivent fournir un cheval et un tombereau pour aller récupérer le piston et la luge utilisés pour faire partir le V1, ceux-ci terminant leur course quelques mètres plus loin dans les champs dans l’axe du tir. Les riverains sollicités n’entrent jamais sur le site, ils se contentent d’amener l’attelage jusqu’à l’entrée.

Les premiers tirs effectués depuis le site des Cateliers ne sont pas des succès, il faut une dizaine de tentatives avant le premier départ sans encombre. Ces errements ont des conséquences directes pour les habitants des hameaux des alentours, les chutes de V1 causant souvent d’importants dégâts. Plusieurs bâtiments des fermes environnantes sont détruits suite à la chute puis l’explosion d’une bombe volante, chez Monsieur Donatien Saint-Yves par exemple ou encore chez Monsieur Marcel Dumouchel. Ces événements sont parfois plus tragiques encore : lors de la chute d’un V1 sur sa maison, Madame Agrare perd la vie, ensevelie sous les décombres. Quand ces ratés n’entraînent pas l’explosion du V1, il n’est pas rare que les Allemands se déplacent sur le lieu du crash pour dynamiter la bombe volante inerte.

Malgré sa relative discrétion, surtout par rapport aux sites dits « lourds », le site « léger » des Cateliers est repéré par l’aviation alliée. Le 9 juillet 1944, à la mi-journée, un détachement d’aviateurs alliés cherche à neutraliser cette base. Une importante quantité de bombes est larguée sur le haut du hameau des Cateliers, le clos de la Ventillette et le centre de Richemont dans l’espoir de toucher la cible, en vain. Non seulement le site n’est pas touché, mais les conséquences pour les civils sont terribles : Marcelle et Marcella Nourry perdent la vie sous les ruines de leur maison rasée par les bombes, à Richemont Madame Waquet et ses trois enfants connaissent le même sort.

Une heure après cet épisode tragique, les Allemands tirent trois V1 depuis le site des Cateliers, le bombardement a été un échec cuisant.